En 2019, le déploiement du premier tachygraphe intelligent a marqué un tournant décisif dans l’histoire de cette technologie. Avec l’arrivée d’un modèle seconde génération, les ingénieurs travaillant à l’optimisation de ce dispositif ont encore franchi une nouvelle étape.
Mais qu’est-ce qui va changer, exactement ? À quoi faut-il s’attendre ?
Dans les lignes à venir, nous allons d’abord revenir sur la révolution – ou en tout cas l’important changement de cap qu’avait entraîné la première version.
Ce petit rappel devrait vous permettre d’apprécier pleinement tout ce que le nouveau tachygraphe « intelligent » apportera aux professionnels du transport routier.
Le tachygraphe intelligent de 2019 : quand le tachygraphe se dotait de fonctionnalités inédites
Vous le savez : l’année 2019 n’a pas marqué le début des chronotachygraphes numériques. Ces derniers ont pris la place de leurs ancêtres analogiques dès le 1er mai 2006, devenant obligatoires pour l’ensemble de l’Union Européenne (et autres États partenaires – la Suisse, par exemple).
Plus exactement, voici les véhicules utilitaires qui ont dû se doter du dispositif :
- L’ensemble des poids lourds dépassant 3,5 tonnes.
- Les engins dévoués au transport des personnes affichant plus de neuf places ; siège du conducteur inclus.
Les mêmes critères ont été appliqués au 15 juin 2019, cette fois concernant les itérations « intelligentes ».
Voici justement, de manière synthétique, ce que ces systèmes novateurs apportaient.
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Les innovations du premier tachygraphe intelligent
- Un renforcement sécuritaire non-négligeable s’observait dès la première génération. On pense notamment au cryptage des données, rendu bien plus efficace. Le chiffrement par un jeu de clés asymétriques 128 bits a complexifié l’accès aux informations sensibles ; en tout cas si une personne n’est pas supposée les récolter (source).
- La maintenance à distance est devenue possible. Elle donne à identifier les failles, les manipulations indésirables, pour les communiquer à un opérateur autorisé.
Cela inclut notamment la détection d’une insertion de la carte de tachygraphie pendant un transport (et/ou son invalidité), les tentatives d’effraction, une panne de courant…
Les techniciens récoltent aussi des éléments plus factuels : immatriculation, vitesse au temps (t), etc.
Grâce à la première génération de chronotachygraphe intelligent, la gestion en temps réel a facilité le quotidien des routiers et de ceux qui organisent leurs opérations. - Dans un registre similaire, la géolocalisation a rejoint le panel des fonctionnalités. Ceci grâce au réseau Galileo, généralement désigné par l’acronyme GNSS. Elle a offert un nouveau levier de suivi, consistant à enregistrer la position du véhicule au début de son parcours, toutes les trois heures (arrêts non pris en compte) et à la fin du service.
Ce procédé de balisage doit contribuer à la réduction des détournements, des vols de marchandises ; c’est aussi un moyen d’assister les conducteurs en cas d’imprévu. Il est à noter que les grands acteurs du transport routier n’ont pas attendu 2019 pour entériner ce genre de pratiques. La mise au point des chronotachygraphes intelligents a cependant uniformisé et cadré le « tracking ».
Qu’en est-il maintenant de la mise à jour 2023 – si on peut l’exprimer ainsi ? Sommes-nous face à un changement drastique, ou à une simple amélioration ? Juste avant d’éclaircir ces points, établissons le contexte de mise en application.
Le nouveau tachygraphe intelligent 2023 : une introduction via le Paquet Mobilité
Au 1er mai 2006, il y a près de vingt ans donc, le numérique s’imposait dans l’univers de la tachygraphie. Le 15 juin 2019, on assistait au basculement vers le « smart » ; avec toutes les implications que nous venons de lister.
La nouvelle date à retenir, c’est le 21 août 2023. L’intégration d’une nouvelle version du tachygraphe deviendra alors systématique pour les véhicules neufs.
Il s’agit pour les professionnels de se conformer aux normes définies dans le cadre du « Paquet mobilité ».
Il est intéressant de noter que, comme son nom l’indique, ce faisceau réglementaire ne concerne pas que la technologie de suivi, de récolte des données, d’assistance… Elle définit en outre certaines règles communes, au sein de l’UE, relativement aux « temps de conduite et de repos » (source).
Quoi qu’il en soit, c’est le 9 juillet 2020 que les dispositions ont été votées, moyennant un échéancier pour la mise en application. En effet, même si l’entrée en vigueur se veut immédiate, il faut toujours prévoir un temps d’adaptation.
Ce fameux « paquet mobilité » évoquait l’intégration du nouveau tachygraphe intelligent.
Ce Chronotachygraphe "Intelligent" nouvelle génération : que nous réserve-t-il ?
Voici les changements majeurs qu’entraînent l’installation de la version évoluée.
- La géolocalisation faisait déjà partie des fonctionnalités du modèle 2019. Désormais, cela dit, elle sera possible et effective tout au long du transport, et non selon une approche séquencée. C’est à l’OSNMA ou « Open Service Navigation Message Authentication », de Galileo encore une fois, que l’on doit cette modification.
Concernant les franchissements des frontières, le conducteur n’aura plus à les signaler lui-même. De quoi aiguiser, ne serait-ce qu’un peu, la productivité des opérateurs.
Autre changement à ce propos, et il n’a rien d’anodin : la version 2 du tachygraphe intelligent (dite aussi 1Cv2) permet d’indiquer (manuellement à ce stade) les étapes de chargement/déchargement et, par là-même, l’endroit où elles ont été mises en œuvre. L’idée, assumée, signifiée par les législateurs, est de juguler le cabotage irrégulier.
La sécurisation des données est encore renforcée. La sauvegarde de ces dernières s’étend à 56 jours, et non plus 28. Il a fallu, pour les concepteurs, prévoir une extension des espaces de stockage, afin d’accueillir les nouvelles informations (le tonnage, par exemple) et combler les failles constatées avec la première version (source).
Élément très important : le tachygraphe 2023 se renforce de capteurs internes plus efficaces, indépendants, rendant fluide et fiable la captation (autorisées) des données à distance.
D’ici 2024, sans doute même avant, les agents assignés au contrôle des transports routiers n’auront donc plus à réaliser des vérifications aléatoires.
Munies d’un équipement DSRC, les autorités seront en mesure d’identifier les problèmes, les anomalies à distance, et d’agir en conséquence. Le bluetooth deviendra la norme, dans cette mouvance.
Le chronotachygraphe intelligent, 2e version : vers un contrôle toujours plus précis du travail routier
Nous avons acté la date du 21 août 2023 ; cela ne veut pas dire que dès ce moment-là, chaque moyen de transport équipé d’une déclinaison précédente sera frappé d’illégalité. Un rythme calendaire a été défini. En juillet 2026 notamment, il ne sera plus possible, pour les transporteurs circulant à l’international et dans la gamme 2,5 – 3,5 tonnes, de rouler sans avoir installé le nouveau tachygraphe intelligent.
Quoi qu’il en soit, ces modifications suscitent un grand nombre d’interrogations. Certains y voient une aubaine en matière de sécurité et de logistique. D’autres craignent les dérives relatives à une surveillance accrue et à une rationalisation toujours plus pointue.
Ce qui est sûr, c’est que les années 2020 redéfinissent, progressivement mais sensiblement, les moyens de vérification offerts aux forces de l’ordre, aux gestionnaires de flottes et à tout autre intervenant concerné.
Toujours plus précis et généreux en termes d’informations récoltées/transmises, les chronotachygraphes « smart » ont définitivement rompu avec la rigidité de leurs prédécesseurs analogiques et numériques.
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